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23 septembre 2009 3 23 /09 /septembre /2009 23:10
 

Cahiers de vacances (suite) : sauvage croisade anti-gaspis


Qu’elle était verte, ma vallée.

Et au milieu coule une rivière, en plus.
 
Donc, au val retranché, paradis estival
où nul dormeur n’a deux trous rouges au côté droit ;
à ce trou de verdure où chante une rivière,
nulle route carrossable ne mène.
Trente ans plus tard, les hippies qui l’acquirent, façon « chèvres dans le Larzac », se sont coupé barbe et cheveux, mais n’en ont pas nourri pour autant plus d’affinités avec le macadam.
C’est donc à dos d’homme que la seule énergie qui rappelle la civilisation y arrive, sous forme de bouteilles de gaz.
Et pourtant, cela n’empêche pas nombre d’entre eux de rester bien prodigues de la lourde denrée.
De facto membre de la tribu, je ne peux que bouillir à la vue de ces casseroles qui font de même sans couvre-chef, dispensant leur vapeur à la pièce qui n’en a guère besoin, au lieu de la tenir bien confinée pour chauffer plus vite.
Me gardant toujours autant que possible de donner conseil à qui ne m’a pas attendue pour mener son existence à plus ou moins bon port, et remarquant que nul adage ne fait grand usage s’il n’est porté par un beau ramage, je me dis in petto que c’était là l’occasion de sortir de son fourreau mon plumage (ou ma plume ?) rouillé(e), afin qu’elle serve enfin à quelque chose.
Je fis donc glisser hors des rainures de sa tablette métallique le plus beau marqueur que je pus trouver pour occuper les quatre coins du tableau blanc de la cuisine commune sans l’envahir. (Remarquez comme la forme et le fond s’accordent sur le principe d’économie.)

Et voici la petite série de slogans impérieux et néanmoins de bon sens qu’au petit matin, les divers habitants du lieu découvrirent, griffonnés par un mystérieux fanatique écolo-intégriste.

 Sur le gaz aussi, chaque pot a son couvercle : plus vite, moins cher, plus écolo.

Chauffez couvert !  

Plus chaud, plus vite pour vos marmites,
moins chaud, plus net pour la planète.

« Jamais sans mon couvercle ! » dit l’eau qui bout.

Pas de plat qui mijote et pas d’eau qui bouillotte sans couvercle.

Une casserole sans son couvercle, c’est comme un myope sans ses lunettes :
ça va moins vite.


Si tous les gaz du monde se donnaient le mot, ça chaufferait un peu moins pour nos descendants. Non ?


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3 février 2009 2 03 /02 /février /2009 23:22

… Je n’eus pas besoin de perdre la vue comme Saint Paul sur le chemin de Damas pour comprendre que je n’y entendais goutte en ce domaine ô combien peu glamour qu’est l’économie. Il va donc de soi que la première nulle dont il est question dans le titre de cette palpitante saga, c’est mézigue.
Et pourtant, l’économie, c’est tout de même fondamental, comme dirait le grand Jacques (pas Brel, le russophone amateur de sumos), puisque étymologiquement, n’êst-ce pâs, c’est la mise au jour des lois (nomos) de son environnement (oïkos), la compréhension des principes qui régissent le monde d’échanges dans lequel nous sommes bon gré mal gré aussi étroitement liés qu’un banc de sardines dans les mailles du chalut. Et il est d’ailleurs assez suspect que la plupart des adultes inconsidérément lâchés dans la nature après avoir usé les bancs de l’école plus ou moins longuement n’aient aucune connaissance un peu structurée des mécanismes fondamentaux de l’économie. Des fois qu’ils aient un peu trop conscience du goût de la sauce à laquelle ils sont mangés. L’économie, aussi fastidieuse soit-elle, devrait s’enseigner, dans toute démocratie qui se respecte, durant toutes les années de lycée, car il suffit aujourd’hui d’avoir suivi une filière littéraire ou scientifique ou technique pour n’en avoir jamais étudié une ligne ou presque, ce qui est quand même assez monstrueux, dans la mesure où ne rien y connaître, c’est comme être livré pieds et poings liés au premier bonimenteur venu ; et c’est pas ça qui manque sur la place publique.

Bref, le monsieur qui déploya les pages jusqu’ici lourdement collées à mes yeux du grand livre des rouages économiques se nomme M. Thierry Rebour. Agrégé de géographie, docteur ès lettres, maître de conférences à l’Université d’Amiens, chercheur à Paris I et Paris VII : abondance de titres ne nuit pas. Condition nécessaire mais non suffisante, elle se révèle du meilleur augure quand ils explorent plusieurs disciplines. Ne pas mener une carrière rectiligne, guidé par la seule perspective de monter en grade est un gage de curiosité intellectuelle suffisamment peu pragmatique pour être désintéressé. Se limiter à sa seule spécialité peut permettre, au mieux, de devenir un excellent technicien, mais rarement d’être un grand esprit. Ce prestigieux pedigree laissait donc apparaître la conférence sous de fort prometteurs auspices. Ils ne furent pas déçus.
Car le Professeur exposait, avec la rigoureuse simplicité que seule procure la profonde maîtrise de son sujet, la marche du monde économique. Ni plus ni moins. Alors si vous ne voulez pas mourir idiot, vous pouvez retrouver le contenu de cette limpide conférence, bien loin des faux débats ici 
ou dans son livre, La Théorie du rachat, qui semble avoir été écrit le lendemain du dernier krach boursier alors qu’il fut publié en 2000. Mais si vous êtes comme moi, la prose écrite économique provoquera chez vous une somnolence du plus mauvais effet pour vos capacités intellectuelles. Alors je m’en vas essayer, retroussant mes bras de chemise comme Hercule avant de nettoyer les écuries d’Augias, de vous traduire les propos pourtant limpides du monsieur en termes comestibles pour littéraires peu portés sur les pourcentages et autres taux boursiers.
Bien que le plan de la conférence fût des plus rigoureux, je me permettrai donc quelques entorses, afin de le rendre un peu plus primesautier et seyant dans les pages d’un lieu aussi peu sérieux que céans. J’espère que vous me pardonnerez mon peu respectueux postulat de départ, lequel consiste à vous supposer aussi ignares que moi en la matière. Comme je ne doute pas que ce ne soit pas le cas, je vous prie humblement de ne vous point offusquer de la nature pédagogique du propos, et de ne point hésiter à corriger les erreurs qui se glisseront certainement au fil de la retranscription de ces notes prises avec la graphie fébrile caractéristique des cours les plus denses.
(Et me voilà qui ai déjà pondu trois trop longs textes sans même avoir abordé le cœur du sujet. Et je m’étonne après que mes élèves bavardent en cours…
Hum. Oublions, reprenons et apprenons.)

Déjà, ce que j’avons bien apprécié, c’est la mise en perspective historique du propos. Ca vous  remet les choses à leur juste mesure et calme ou inquiète, c’est selon. Inquiète, en l’occurrence.
Donc, nous vivons actuellement, depuis une quarantaine d'années, l'une des quatre longues dépressions de l'Europe post médiévale.

1°) Le quinzième siècle vous évoquait le Quattrocento italien : Botticelli, Buonarroti, De Vinci et tutti quanti ? Que nenni ! C’est surtout une période de grave crise économique qui se termina vers 1450.

2°) Le dix-septième resplendissait à vos yeux émerveillés d'ancien écolier des dorures du Roi Soleil et de Versailles, s’ornait des rubans alexandrins de Racine et Corneille ? Certes aussi, mais c’était pour mieux masquer la grande dépression qui s’acheva vers 1750.

3°) La Belle Epoque, ses belles robes, son Proust, ses salons, ses quatuors et sa petite phrase de Vinteuil ?  Cache-misère que tout cela ! Toute la fin du XIXème, jusqu’en 1910 et surtout à la guerre de Quatorze, salutaire machine à relancer l’industrie (nous sommes en économie, et l'économie écrase l'homme tel un aveugle Moloch, souvenez-vous en), ne fut qu’une grise crise, elle encore.

4°) Passons sur celle de 1929 dont naquirent les horreurs de 1933 et des années 1940.
Et ben vous savez quoi ? La crise de 1929, à côté de ce qui germe aujourd’hui depuis ce que les économistes néoclassiques ont indûment qualifié de premier choc pétrolier et depuis l’éclatement de la bulle financière ? Et ben c’est de la gnognotte. Et pourtant, le ton n'était en rien alarmiste : si ça fait moins mal aujourd'hui, c'est parce que les gouvernemenst ayant quand même l'expérience de ce premier krach, ils ont su à peu près réagir à l'un de ses paramètres au moins.


Et le monsieur explique, indices, taux, soldes et regard d’historien et géographe à l’appui, pourquoi c’est-y donc que ce qu’on commence à entrevoir, il y a des chances que ça ressemble comme deux gouttes d’eau fétide à ce qui se passa à la chute de l’Empire romain. Je vous vois déjà ricaner (ce que je fus tentée de faire quelques millisecondes aussi) : "ah, ah, encore un illuminé qui agite de fantasmagoriques phobies devant les invasions barbares qui ont suivi". Ben non, c’est beaucoup plus posé que ça, beaucoup plus calme et plus glaçant. Quand une civilisation choit, il est bien plus fréquent qu’elle le fasse sur son propre épuisement, sur ses propres dysfonctionnements qu’à la suite de conquêtes exogènes.
D’abord, il s’agit aujourd’hui tout simplement, selon le monsieur, de la première période où les flux migratoires sont, quelle que soit l’échelle que l’on prend (régionale, nationale ou internationale) centrifuges et non centripètes. L’exode rural, symptomatique de la croissance d’une civilisation et qui fut constant en Occident  depuis le Haut Moyen Age, devient un exode urbain. (Là, je me suis dit que la donnée inédite des nouvelles technologies : moyens de transport plus rapides, moyens de communications plus performants permettant le télétravail, etc… pouvait fausser la donne et compenser l’aspect inquiétant du paramètre. Pas osé objecter. Suppose que c’est un facteur négligeable. Sais pas.)
Mais surtout, ce qui m’a semblé assez génial, c’est l’analogie qu’il a établie entre ces deux périodes éloignées de deux millénaires, et qui est fondée sur l’évolution de ces trois données fondamentales : le travail, la terre et la monnaie.


La suite un autre jour si vous le voulez bien…

Dans le(s) prochain(s) numéro(s) :
Pourquoi il est question de la féodalité pour expliquer la crise des subprimes.
Taux de change et taux d’intérêt : pourquoi la banque européenne et le FMI y z’ont tout faux.
Crises longues et crises courtes : pourquoi on est coincé que c’est grave et que personne y sait quoi faire et même pas lui.

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31 janvier 2009 6 31 /01 /janvier /2009 22:33

... Et pourtant, l’autre soir, le miracle se produisit. La montagne alla à Mahomet et l’économie vint à moi. Les yeux étincelants d’étoiles, le sourire béat du converti ébloui prêt à étreindre son sauveur, j’eus la Révélation. J’ai approché l'un de ceux que les francs-maçons appellent les Illuminati,  « Ceux qui Savent ». (simple métaphore pour désigner un brillant universitaire, je précise, des fois que...)
Néanmoins, quand je m’aventure sur un terrain aussi mouvant et inconnu pour mon faible appareil théorique, je garde mon esprit critique aussi éveillé qu’une lampe torche en pleine randonnée sylvestre nocturne, aussi serré dans un coin de ma cervelle que les cailloux dans le poing du Petit Poucet, guettant dans le public les éventuelles réactions sceptiques de ceux qui me semblent en savoir plus long que moi sur le sujet, et surtout, me fiant un peu à ce que je crois percevoir de l’intelligence et de l’honnêteté du personnage ; de son histoire, aussi, celle d'où est né son point de vue plus général sur la société.

Alors voilà : la vérité est ailleurs. (Et non, je vous prie de croire que je n’ai jamais regardé plus d’un épisode d’ « X Files - Aux Frontières du réel », un soir d’égarement, il y a bien longtemps. La réalité me semble bien assez riche et complexe comme ça sans éprouver le besoin d’aller faire joujou avec des forces occultes quelconques qui amusent les bambins à l’âge d’Harry Potter. Jamais eu aucun goût pour l’ésotérisme et la science fiction. Pour aucun de ces deux termes, en réalité. Préfère l’art et la poésie à la science, et le vrai à la fiction. )
Mais il suffit de changer d’échelle et de référentiel, et tout apparaît sous un jour nouveau. Comme ce fut le cas avec la révolution copernicienne, avec les géométries non-euclidiennes, la théorie de la relativité ou la physique quantique. Et les économistes qui mènent le monde aujourd’hui n’ont pas encore fait leur révolution copernicienne. C’est un brin inquiétant.
Car oui, mes bien chers frères, j’ai rencontré le Copernic de l’économie. Et j’ai même pu causer avec lui, avant et après sa conférence, armée de mon petit bloc notes et de ma toute neuve petite carte de presse, et même dîner dans la brasserie la plus chic de la ville (enfin, je suppose, j’avais encore jamais vu une salade aussi chère !). Ouais !
Et je puis vous le dire, les enjeux sont ailleurs. Il ne s’agit pas d’alimenter les peurs millénaristes dont Hollywood se repaît, de nourrir de risibles psychoses fondées sur de fumeuses théories du complot : la réalité est hélas moins mélodramatique et plus tragique. Il s’agit plus prosaïquement d’incompétence ; d’une impasse théorique dans laquelle s’enlisent nos élites, prisonnières d’une idéologie aussi symétriquement utopique que le marxisme : le libéralisme, la croyance religieuse dans les vertus d’un dieu - marché qui s’autorégulerait par miracle, alors même qu’il est en crise permanente depuis 40 ans.
Ca, tout le monde le sait. Mais une fois qu'on a nommé la maladie, on est tous aussi avancés que les médecins de Molière avec leur latin de cuisine : ouiche, et les remèdes, alors ?
Car il existe pourtant des alternatives économiques fondées sur une bonne compréhension de ces mécanismes fluctuants dans lesquels est pris chaque acteur économique, de l’individu à la banque, des matières premières aux produits financiers. Et il est urgent de les explorer.

Reprenons donc depuis le début.
Le libéralisme est l’application aveugle de ce principe énoncé au XVIIIème siècle par le visionnaire Adam Smith, leur père à tous : «  La somme des intérêts particuliers bien compris aboutit à l’intérêt général. » Et vogue la galère. Le seul menu problème, infime et négligeable détail, c’est que tous ces libéraux néoclassiques qui constituent la quasi-totalité de nos élites oublient la deuxième moitié de la phrase : « La somme des intérêts particuliers bien compris aboutit à l’intérêt général… si et seulement si les différents partenaires sont à niveau de développement égal. » Oups, y aurait pas comme une erreur avec la dérégulation des rapports sociaux, les délocalisations sauvages et la mondialisation débridée ?

... To be continued

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31 janvier 2009 6 31 /01 /janvier /2009 20:58

Avertissement au lecteur
En guise de préambule à cette étude fleuve, une de ces grosses colères, qui, ne pouvant atteindre leur objet, s'en prennent au reste du monde. Une salve de mots pour faire taire l'amertume, un nettoyage panique ; comme une envie de ne plus croire à rien ou presque, de tout renvoyer balader. 'solée.


Depuis bien des années, il me semble évident que les débats politiques visibles du public ne sont que des leurres destinés à amuser le bon peuple, à l’irriter juste ce qu’il faut dans une fausse direction, pour prendre les véritables décisions bien au calme quand ça s’agite dans la rue sous les mauvaises fenêtres ; que les quelques mesures mises en avant par les équipes de communication ou les syndicats et relayées docilement par les médias sont bien trop partielles et coupées de l’ensemble du système pour que l’on puisse en juger le bien fondé de quelque manière que ce soit. Que les hommes politiques s’agitent devant les écrans comme la rouge muleta devant le taureau pour qu’il lui fonce bien gentiment dessus sans comprendre que les banderilles viendront de plus haut. Les enjeux sont plus loin, à des milliers de lieues des débats publics, qui se cramponnent à des idéaux fantoches et à des peurs d’opérette.

Des années que je considère que pas un seul nom de nos actuels dirigeants, pas plus que de leurs opposants, ne mérite de faire couler une ligne d’encre. Bouh !  Huons en chœur le vilain pas beau liberticide « Nie Koala S. » Comme si dans le pays des Gaulois qui se foutent des poissons pourris sur la tronche pour un oui ou un non, de Voltaire et des débats parlementaires sans fin, des grèves chroniques et des pavés de mai 68, du patronat le plus sourdingue et le plus crispé qui se puisse trouver (lequel récolte en face les syndicats assortis qu’il mérite), on pouvait arriver à faire taire quelque contestation que ce soit ! Quand râler contre tout et son contraire et exprimer son mécontentement constitue depuis des siècles le sport national ? Socialement, nous sommes un pays indécrottablement latin, fit-elle entre un soupir et un regard envieux vers nos voisins du nord qui savent conjuguer le verbe « négocier » et ont compris que le réel se plie aux pragmatismes mais se brise sous les idéologies. Soyons sérieux. Les seuls qui menacent la liberté d’expression, ce sont les intégrismes et les obscurantismes, religieux ou non, qui se construisent sur toutes nos ignorances. Pas les politiques, et à l’heure d’Internet encore moins qu’avant. Oui, le service public est menacé, l’emploi aussi, mais pas la liberté d’expression. Pas par l’Etat.
Sans parler des querelles de cour de récréation du camp d’en face qui ont fait la une des journaux et de tant de blogs pendant des semaines. Pauvres de nous d’être capables de nous intéresser plus de deux secondes à cela ! Nous méritons bien de nous faire balader comme nous le sommes. Quand  « Ces Gaules Haines » articule laborieusement ses pathétiques citations évangéliques de madone du seizième - arrondissement, pas siècle, hélas - elle me fait mal au lieu de me faire rire, tant j’ai honte pour elle.  « Faut pas jouer aux pauvres quand on est plein de sous », disait Le Luron à Laurent F., ce richissime fils d’antiquaire qui s’empressa d’exonérer les œuvres d’art de l’impôt sur la fortune. Mascarade que tout cela. Comme si toutes ces mesurettes avaient un autre rôle que d’agiter la fourmilière pendant qu’on cache avec soin son vrai pouvoir, et surtout, plus tragique encore, sa profonde incompétence.

D’où ma réserve complète quant à la vie politique française, décidément très forte à rester engluée dans des impasses idéologiques dépassées depuis un demi-siècle. Je continue pourtant à user scrupuleusement de mon droit de vote avec autant d’enthousiasme que s’il fallait choisir, non point entre la peste et le choléra, ce serait faire trop d’honneur à leur impuissance, mais entre faire ses courses à Carrefour ou Leclerc, et parce qu’il faut bien continuer à le garder vivant et effectif jusqu’au jour où il servira de nouveau à quelque chose puisque, à la différence d’une brosse à dents,  il ne s’use que si l’on ne s’en sert pas.

Mais je me lamentais in petto de ma totale ignorance en matière d’économie, puisque là demeure le nerf de la guerre et celui de la paix, et de ma cécité de crédule brebis qui en résultait de facto, bien incapable de discerner le vrai du faux dans les affaires de ce monde. J’avais beau avoir à peu près saisi qu’un certain Keynes avait eu de très bonnes idées, que le libéralisme pur et dur était voué à l’échec, il devait bien y avoir quelqu’un entre Marx et Riccardo, que diable ! Mais je n’avais pas encore pris le temps et le courage de me plonger dans un manuel d’économie, me disant avec une certaine sagesse que le monde n’avait pas besoin que je le comprenne pour continuer à tourner.

A suivre
 ...

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30 mai 2008 5 30 /05 /mai /2008 23:10


"La barbarie civilisée poubellise l'univers. La terre ?
Un bauge où des verrats enrichis se vautrent
dans leur graisse empuantie de pus honorifrics."
 (Joruri, in http://gresils.sosblog.fr/Dires-b1/Poeme-de-fin-mai-b1-p382.htm )

Voici quelques idées de petit bois à allumer en contre-feu dans la lutte contre le grand brasier pétrolier.

Prêcher des convaincus, ça fait plaisir, ça donne de l'énergie, mais ça ne sert pas la lutte. Voyons donc ce que disent les voix d'outre terre.
 
L'un des grands arguments des négateurs du réchauffement ou de la causalité humaine de celui-ci consiste, pour discréditer le discours des chercheurs actuels, à ressortir les prévisions, vieilles parfois d'une trentaine d'années, des experts qui ont eu l'imprudence d'assortir leurs conclusions, justes souvent sur le fond, d'un calendrier quantifié.
Evidemment, la complexité des systèmes climatiques ne peut qu'introduire des facteurs d'erreurs qui invalident, sur un plan superficiel, leurs vues.
Ainsi a-t-on pu constater que le seuil de fonte des glaces arctiques prévu il y a peu encore pour dans une cinquantaine d'années était déjà atteint aujourd'hui.
Ca fait chaud dans le dos et ne fait que donner, hélas, plus de force encore à leurs analyses.

De plus, ils tentent de noyer le poisson en rappelant, justement sur le fond, mais de façon pernicieuse dans la forme, que focaliser l'attention et les craintes de l'opinion publique sur le réchauffement climatique et les émissions de CO2 conduisent à détourner sa vigilance d'autres questions cruciales :
les  diverses pollutions chimiques, les OGM, etc...
La perverse force de conviction de ce sophisme vient de sa vérité de fait, mais de sa traduction délirante en termes de complot : il s'agit certes d'une conséquence indésirable, mais non d'une intention délibérée.
Et même si certains pollueurs ne contribuant pas à l'effet de serre s'en réjouissent, même si d'autres drames écologiques se jouent, 
s'ensuit-il que le réchauffement global soit à négliger ?

En outre, que celui-ci ait, entre autres, des causes naturelles est véridique, dans un système aussi complexe que l'atmosphère terrestre et ses variations, où les causalités s'enchaînent les unes aux autres et se déclenchent mutuellement : l'augmentation des émissions de méthane, de CO2 et autres gaz fait grimper la température qui fait grimper le taux de CO2 etc...
S'ensuit-il cependant qu'il faille continuer à l'alimenter au lieu d'essayer de le compenser, et raisonner en termes aussi aveuglément binaires ?

Autre sophisme faussement rutilant arboré sur leurs armoiries :
les pays émergents pollueraient bien plus que les états développés qui ont conçu, grâce aux dernières innovations techniques, des moyens de production et de transport plus propres.
Certes, les vieilles guimbardes dont l'Europe se débarrasse en Afrique ou ailleurs et qui continuent à rouler sur les routes défoncées à vingt ans ou plus polluent davantage que les derniers modèles équipés de moteurs plus économes ; certes aussi, se chauffer dans des équipements de fortune au fuel par exemple, pollue plus que les dernières chaudières à condensation les plus élaborées.

Et alors ? En quoi ces remarques basiques apportent-elles la moindre goutte d'eau saumâtre à leur malsain moulin ?
Feindraient-ils donc de croire et de faire croire que tous les écologistes sont hostiles au progrès technique ? Qu'ils prônent un retour à l'âge de pierre ?
Alors même qu'ils sont à l'origine du développement des dernières innovations technologiques afin de tirer partie des énergies renouvelables : le solaire, l'éolien, les pompes à chaleur.
Oui pourtant, si la totalité de la classe moyenne émergente en Asie troque son vélo pour une voiture, il y a de quoi s'inquiéter.
Et c'est bien pour cela qu'il faut conceptualiser un développement raisonné, et non s'y opposer frontalement.
La hausse du prix du pétrole a ainsi fait baisser sensiblement l'usage par les particuliers de leur voiture, ainsi que le trafic aérien, rendu peu à peu inabordable par le coût du carburant. Youpi ! Je me réjouis bien de ne plus sortir que mon vélo pour aller au boulot.

Enfin, la question de la finitude des ressources reste, par eux, toujours éludée.
Quelles que soient l'intensité et la causalité du réchauffement, il demeure pourtant que la rondeur de la terre en fait un espace par définition limité, exigu bientôt, et que continuer à pomper inconsidérément des ressources sans raisonner sur la gestion de leur amaigrissement constitue simplement un manque cruel et délibéré de bon sens et d'honnêteté.
Prendre au pied de la lettre l'injonction génétique (de la Genèse) :
"Croissez et multipliez-vous", et servez-vous sans compter dans la Création devient criminel, comme les famines qui recommencent à sévir le prouvent.


Continuons à  nous enrichir, quitte à tout saccager.
Qu'importe si je vide la Terre, puisque je remplis mon portefeuille ?
Rien ne se perd ! De quoi se plaignent-ils ?
De simples vases communiquants, rien de plus !

Nul besoin d'invoquer une diabolisation dont ils se gargarisent, se posant complaisamment en victimes, exactement comme ces élèves insupportables qui viennent ensuite pleurer et s'indigner que c'est toujours eux qui prennent. Les pauvres choux !




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28 mai 2008 3 28 /05 /mai /2008 22:59

(Note préliminaire :
Il n'y a pas moyen. Pas moyen de domestiquer la course du temps à l'aide d'un quelconque programme.
A chaque fois que j'ai l'intention de mettre en ligne un article bien entamé, il y en a toujours un autre pour lui griller la priorité. J'y peux rien. Chronos ne veut pas se laisser dompter. )

Dans la rubrique :
"Mais comment font-ils donc pour ignorer à ce point où nous courons tous ?", c'est fou ce qu'on pourrait décerner comme palmes d'or du plus crétin dévoreur de ressources du monde.
Sur le podium, une certaine chanteuse canadienne dont le coffre n'a rien à envier à celui d'une voiture familiale est assez bien placée.

Il semblerait donc que la dame consomme pour son ranch plus de 29 millions de litres d'eau par an, ce qui revient à peu près à 80 m3 d'eau par jour, soit une piscine de deux mètres de profondeur pour vingt de long sur deux de large.

http://www.palmbeachpost.com/treasurecoast/content/tcoast/epaper/2008/05/24/m1a_tcwater_05251.html?imw=Y

Et pour ceux qui douteraient encore :
a) de la réalité du réchauffement climatique
b) de la responsabilité de l'activité humaine dans celui-ci,

sachez qu'il y a un rapport strictement proportionnel entre le taux de CO2 dans l'atmosphère et la température d'icelle, qui est établi sur plusieurs millénaires, comme le prouve la courbe ici présente :


Comme il est incontestable (sauf pour ceux qui nient tous les phénomènes ayant un rapport avec le gaz, qu'il soit en chambre ou en atmosphère,  suivez mon regard...) que les transports et l'industrie humaine, sans compter la démographie incontrôlée et préoccupante de notre espèce, constituent aujourd'hui la source la plus écrasante de CO2 sur la planète, il apparaît urgent, selon le bon sens le plus élémentaire, de faire tout ce qu'on peut pour en diminuer les émissions.

En effet, ceux qui remettent en cause la dangerosité du réchauffement climatique arguent du fait que la planète a connu, y compris depuis que l'homme en occupe la surface, d'importantes variations climatiques,
- comme le réchauffement du XIIe siècle auquel le Groënland doit son nom : le Green Land, ou Grüne Land, le pays vert, qui permit à des colonies vikings de s'y implanter et d'y prospérer.
- ou le petit âge glaciaire des XVIIe et XVIIIe siècles.

Certes oui, la Terre et son atmosphère ne sont pas des données invariantes de l'univers. Le taux de CO2 a subi des variations importantes, dues à des causes naturelles, comme par exemple l'activité volcanique. Mais il n'en reste pas moins vrai que jamais le taux de CO2 n'a été aussi haut, et de très loin, que ces dernières années, et que l'incommensurable inertie que constitue la complexité du système climatique nous laisse attendre des lendemains qui chauffent pour notre canicule.
Certes encore, la Terre en verra d'autres. Des espèces animales disparaîtront, d'autres prolifèreront ou apparaîtront. Il ne s'agit en effet pas de prôner un conservatisme de directeur de musée, de faire de la Terre entière une réserve figée interdite d'évolution.
Mais il se trouve qu'une espèce en particulier risque fort d'en pâtir grandement : la nôtre, et sa civilisation dont on sait depuis Valéry et la Première Guerre Mondiale qu'elle est bien mortelle.

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14 mai 2008 3 14 /05 /mai /2008 14:21
"Ils crevèrent d'avoir voulu vivre à n'importe quel prix."
( in Grésils, ici : http://gresils.sosblog.fr/Dires-b1/Jourd-hui-b1-p362.htm )
"Engagez-vous, qu'ils disaient ; rengagez-vous, qu'ils disaient..."
"Travailler plus pour gagner plus, qu'il disait".
Travailler plus pour gagner plus pour consommer plus pour polluer plus pour massacrer la planète plus vite et pour le faire payer très cher à ses enfants qu'on ne voit même plus derrière tout l'argent sous lequel on les ensevelit.
Zut et rezut, va bien falloir qu'ils se le mettent en tête, les fossoyeurs de la planète et les usuriers de nos misères, cet apophtègme de Saint-Ex :
"Nous n'héritons pas la terre de nos parents, nous l'empruntons à nos enfants."

A force de signer sans fin des pactes avec les âmes vendues des financiers,
on répète chaque jour les accords de Munich.
Churchill encore : "Vous avez préféré le déshonneur à la guerre.
Vous avez eu le déshonneur et vous aurez la guerre." 
Vous avez préféré le fric à la terre.
Vous aurez détruit la terre et vous perdrez votre fric.
Saccageons la nature pour un peu plus de sous, et crevons-en allègrement.
Non mais regardez-les, ces prospecteurs américains se frottant les mains de la fonte de la calotte glaciaire qui va rendre accessibles tout un tas de ressources minières jusque là à l'abri de leurs griffes vénéneuses.
J'comprends, pas.  Non, j'comprends pas.
Croient-ils donc que leurs enfants pourront aller vivre sur Mars une fois la Terre bien bousillée ?

Contemplez-les, les forêts bruissant de milliers d'oreilles d'ânes de ces roitelets Midas morts de faim une fois leur rêve exaucé de voir tout ce qu'ils touchent transformé en or.
Et Moustaki leur répondit : "Je ne veux pas perdre ma vie à la gagner".
il ne s'agit plus seulement de gagner Sa vie, mais de sauver LA vie.
Arrêtons de gagner avant de tout perdre. Stop !

Nom de Zeus, ils avaient tout compris, ces Grecs.
Ne pourrait-on pas le prier de retourner s'y aller faire voir et expliquer le monde, à notre monarque à cent sous de soucis ?
Et si on lui achetait une petite anthologie de mythologie,
au Sarko-phage de nos espoirs ?

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31 mars 2008 1 31 /03 /mars /2008 22:45

Qui l’eût cru ? Voilà que je profite de façon éhontée du (re-)passage d’innocents lecteurs par ici pour leur infliger un nouveau pensum ménager.

Espérant que ces vains et codés exercices de style ne vous auront pas trop échaudés, la blanchisseuse, rougissant de confusion d’avoir noirci tant de lignes pour si peu, vous prie d’accepter les excuses les plus humbles qui se puissent trouver dans l’eau trouble qui ruisselle aujourd’hui en torrents dans les caniveaux embourbés. Elle tâchera de ne pas récidiver trop souvent.

 

Les divagations embuées qui précèdent se sont pourtant imposées avec aussi peu de prévenance que les vapeurs de pressing, donnant à l’atmosphère qui règne dans cette buanderie un taux d’hygrométrie oulipienne à la limite du respirable.

Aérons un peu ces jongleries trop denses.

 

Que fait-on là à minauder dans l’amidon ?

Tâchons d’aborder avec détachement le véritable enjeu de la question :

laissons la place à l’amie, donc, de la planète.

On croit trop aisément qu’il ne reste à l’écolo qu’à taire son indignation devant les mille absurdités de notre vie moderne.

Mais comme Jacques Tati le disait si bien dans Playtime,

« fini de jouer » derrière nos baies vitrées bien astiquées.

Non point seulement que cette corvée m’insupporte, même si une belle chemise blanche bien nette n’est pas exactement ce qui se fait de plus laid.

Mais il faut avouer que le repassage excessif n’est pas toujours très sage :

Le fer ne dévore pas que le temps et l’énergie de la ménagère.
Il est aussi un ogre électrique.

On peut donc en conclure sans trop exagérer
que l’intérêt de la paresse rejoint ici celui de la planète.
Une fois n’est pas coutume

"Non aux repasseuses ! Oui aux paresseuses ! "

Sans vouloir renoncer à l’impératif catégorique de l’esthétique, j’essaie ainsi dans la mesure du possible de trouver ce qui se tient à peu près droit sans repassage.

Vive l’hiver et ses gros pulls.

Mais que faire en été ?
Répondre à cette épineuse question pas encore de saison
nécessite une entrée en matière plus concrète
qui ne froisse pas notre fibre écologique.

 

Paradoxons en chœur et "rangeons le fer ailleurs".
(merci à Fardoise pour le jeu de mots en cadeau-bonus).
"Si le fer a ses vapeurs, qu'on le laisse au repos" au lieu de le faire plancher.
(merci aussi à Jonavin pour le jeu de mots en cadeau-bonus).

Pour cela, imprégnons d’une brume d’éthique dialectique
les étiquettes de nos textiles.

Dégageons notre discours engoncé dans la discutable opposition binaire
entre matières naturelles et synthétiques.

 

Ces dernières ne proviennent-elles pas du pétrole, lui-même obtenu par la décomposition de micro-organismes et de sédiments parfaitement naturels ?

Et même si l’abus d’hydrocarbures est dangereux pour la santé des poumons de la planète, n’est-il pas probable que les fibres textiles fabriquées à partir de bouteilles plastiques recyclées demeurent plus respectueuses de l’équilibre écologique que des articles en coton ayant parcouru le globe entier de sous-traitants délocalisés en cargos recrachant leurs noires fumées ?

 

Est-il en effet bien raisonnable de qualifier de naturel le coton (sauf s’il est bel et bio), alors qu’on sait quels efforts titanesques il a nécessité pour en maintenir une culture intensive bien artificielle ?

Alors que pesticides et herbicides y sont pulvérisés massivement ?

Alors que les travaux d’irrigation forcenés exigés par Staline pour alimenter ses champs cotonniers démesurés ont contribué à l’assèchement tragique de la Mer d’Aral ?

Alors que, lorsqu’il est de mauvaise qualité, il résiste de toutes ses fibres et ses faux plis au repassage, démultipliant le temps et l’électricité dépensés ?

 

On pourrait en effet limiter peu à peu l’usage des matières les plus longues à défriper.

Ainsi le lin (dont les graines sont par ailleurs dotées de bien des vertus, riches en Oméga 3 notamment), justement parce qu’il se froisse au premier mouvement, rend vain tout effort pour le dérider durablement. Inutile d’espérer conserver plus de trois minutes la plénitude de sa surface peu lisse à moins de concurrencer l’immobilité d’un habitant du musée Grévin.

Mais cette belle plante a le bon goût de garder sa fierté même chiffonnée, pour peu, simplement, que l’on choisisse des formes qui se drapent dans leur dignité, majestueuses dans leurs faux plis assumés parmi les grandes lignes de force.

 

Enfin, achevons cet inventaire peu inventif d’un coup de bambou final dont les vertus infinies et trop largement insoupçonnées feront un jour l’objet d’un panégyrique en grande forme.

Je me contenterai ici de vanter l’incomparable et douce fluidité de ce textile dont le caractère fort obligeant ne se froisse presque pas.

Si l’on ajoute brièvement que cette herbe géante pousse toute seule ou presque à une vitesse hallucinante ; que l’on pourrait, comme l’Asie le fait depuis des millénaires, l’exploiter dans bien des domaines ; que sa fibre textile possède des vertus antibactériennes et absorbantes inégalées, on ne peut que songer que le salut passe par le bambou de ficelle. Ou plutôt la ficelle de bambou.

 

Sur ces circonvolutions peu littéraires, je vous laisse méditer ces quelques vers qui achèveront de vous assommer sous leur légèreté marmoréenne :

 

«Moi, c'est moralement que j'ai mes élégances.

Je ne m'attife pas ainsi qu'un freluquet,

Mais je suis plus soigné si je suis moins coquet;

Je ne sortirais pas avec, par négligence,

Un affront pas très bien lavé, la conscience

Jaune encore de sommeil dans le coin de son oeil,

Un honneur chiffonné, des scrupules en deuil.

Mais je marche sans rien sur moi qui ne reluise,

Empanaché d'indépendance et de franchise.

Ce n'est pas une taille avantageuse, c'est

Mon âme que je cambre ainsi qu'en un corset,

Et tout couvert d'exploits qu'en rubans je m'attache,

Retroussant mon esprit ainsi qu'une moustache,

Je fais, en traversant les groupes et les ronds,

Sonner les vérités comme des éperons.
[...] Je n'ai pas de gants ? La belle affaire !
Il m'en restait un seul, d'une très vieille paire,
Lequel m'était d'ailleurs encor fort importun.
Je l'ai laissé dans la figure de quelqu'un. »

 

                                                           Edmond Rostand, Cyrano de Bergerac.

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29 mars 2008 6 29 /03 /mars /2008 22:24

Prologue :
Lundi matin, l’empereur, sa femme et le p’tit prince
sont venus chez moi pour me serrer la pince (à linge).
Comme j’étais parti, le p’tit prince a dit :
« Puisque c’est ainsi, nous repasserons mardi. »
Ca tombe bien, la corbeille à linge propre est pleine de plis.

Rappel :

Dans notre rubrique à blog « écolonomie et tâches ménagères pour les campanules », et après le succès délirant du blog-buster comparant les vilenies du lave-vaisselle aux bonheurs de l’évier
(session de rattrapage ici :
http://l-oeil-du-vent.over-blog.com/article-17773243.html )
voici donc sous vos yeux consternés d’amis de la poésie, un nouvel avatar des corvées écornées.

Pour toute réclamation, s’adresser au commanditaire de cet opuscule, dont les preuves du forfait furent laissées ici :
  http://l-oeil-du-vent.over-blog.com/article-17773243-6.html#anchorComment

L’hôtesse de ces lieux trop communs décline toute responsabilité quant aux éventuels accidents domestiques causés par le soudain enthousiasme inévitablement éveillé pour cette tâche sans tache par la lecture de ces lignes éblouissantes et par Lamy données.

Consigne :

Il s’agissait donc, pour relever le défi, de coucher :
- sur le papier, un hymne au repassage, préalable indispensable au repas d’sages que fut la Cène : imagine-t-on les douze apôtres siégeant ailleurs que devant une nappe aussi immaculée que le fut la conception de leur Seigneur ?
- sur la planche à repasser, les voiles alanguies des tissus défripés.

Corps du délit :

I°/ Fantaisie sans rime ni raison.

a) Le regard ne s'embue-t-il pas au spectacle des repasseuses éperdues dans les brumes huileuses de Degas ou Toulouse-Lautrec ?
Voir ici : http://www.picturalissime.com/g/lautrec_la_blanchisseuse_l.htm  pour Henri.
 et là : http://art.mygalerie.com/les%20maitres/deg4.html  pour Edgar aux blanches mains.
et là aussi : http://images.google.fr/imgres?imgurl=http://jacquesmottier.online.fr/pages/degas_repasseuse.jpg&imgrefurl=http://jacquesmottier.online.fr/pages/zola_degas.html&h=211&w=162&sz=14&hl=fr&start=57&um=1&tbnid=6mbNxsO7XC25NM:&tbnh=106&tbnw=81&prev=/images%3Fq%3Drepasseuses%2Bdegas%26start%3D54%26ndsp%3D18%26um%3D1%26hl%3Dfr%26rlz%3D1T4SKPB_frBE215BE225%26sa%3DN 
                                      

b) On oublie trop souvent aussi que c’est en observant sa servante
manier le fer sur les draps étalés sur la planche
que le bon Nicolas Boileau eut l’idée de ces vers
si souvent repassés dans les leçons des écoliers.
« Hâtez-vous lentement, et sans perdre courage,
Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage.
Polissez-le sans cesse et le repolissez. »


c) Et le grand Victor eût-il pondu ces vers paradigmatiques
de tout zeugma qui se respecte :
« Cet homme marchait pur loin des sentiers obliques,
Vêtu de probité candide et de lin blanc »,
s’il ne s’était pas endormi comme Booz devant le spectacle hypnotique de sa Juliette achevant d’aplanir les surfaces éclatantes des draps blancs lessivés eux aussi après les rudes nuits infligées par le génie (pro-)créateur à son épistolière préférée ? Génie certes, mais non sans frotter son ardeur romantique aux passions adultères.

d) N’oublions pas non plus que sans repassage, point de cintres.
Car qui prendrait la peine de s’encombrer du
« seul objet qui agresse l’homme par pure cruauté »
si ce n’était pour ne pas chiffonner les tuniques dépliées ?
Rien de plus susceptible pourtant qu’un cintre.
Rien de plus facile à froisser. Un faux mouvement et le voilà
qui s’accroche à l’axe de l’armoire, refusant de libérer
« le pantalon, le gris, avec les pinces devant et le petit revers ».
Et sans cintre, point de « vertige de la penderie béante sur l’alignement militaire des pelures incertaines aux splendeurs naphtalines. »
Ceint Desproges, priez pour nous, pauvres pêcheurs des
« fulgurantes éclaboussures de [votre] gai désespoir ».

e) Le repassage, donc,
ou les heurs et malheurs du fer à cheval sur les faux plis.
Ô Fer et Dame Nation ! Imagine-t-on un drapeau tricolore tout froissé ?
Imagine-t-on le train de vie qui exige de porter chaque jour une chemise neuve, chemin pour fer ?
Porte-t-on assez de considération à ce calorifère à patin
naviguant sur les voiles à vapeur ?
Et bien, au risque de choquer les cuirs sensibles, beaucoup trop !

II°/ Déchiffrage d’étiquettes.
...
La suite demain, si vous le voulez bien.

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16 mars 2008 7 16 /03 /mars /2008 21:16
Où l'on constate une fois de plus que les âmes vendues du marketing 
sont prêtes à prostituer l'écologie devenue à la mode 
pour vendre leurs machines à polluer.

Que n'entend-on pas depuis quelques années sur les vertus économiques et écologiques du lave-vaisselle qui consommerait moins d'eau que n'en utilise le lavage à la main, pour peu qu'il s'agisse d'un "classe A" et qu'on se passe du rinçage manuel ou du prélavage.
Ne serait-ce la mocheté de ces gros tas de ferraille émaillée, je me serais presque laissée convaincre.

Tout d'abord, je ne vois pas bien sur quelle estimation ils peuvent fonder une telle allégation, dans la mesure où les habitudes d'évier varient fort d'une famille à l'autre. Entre ceux qui remplissent deux grands bacs pour laver quatre assiettes, ceux qui laissent couler le robinet comme une source intarissable tout en passant l'éponge sur leur vaisselle et sur le coût de leur négligence pour leur porte-monnaie et notre porteur terrestre à tous, et ceux qui (comme votre humble servante, cela va sans dire) ne laissent filtrer qu'un filet d'eau pour rincer, tout en fermant le robinet quand ils savonnent, il y a un monde : en rémission ou en perdition. 
Ayant gardé des habitudes de randonneuse sachant qu'il faut laver ses gamelles avec l'unique litre d'eau que contient la gourde, remplie trois heures de marche auparavant, et qu'il faudra attendre le lendemain pour la remplir à nouveau, je n'ai pas besoin d'une campagne de pub pour m'imaginer à l'autre bout du tuyau une famille du Sahel recueillant religieusement les quelques gouttes échappées avec parcimonie d'un maigre puits en plein désert.

Mais surtout, quelle ne fut pas mon indignation en découvrant dans le dernier numéro de Que Choisir que si les phosphates avaient disparu des lessives il y a presque dix ans maintenant, ils continuaient à constituer 
plus de 50% de la composition de presque tous les produits de marque pour lave-vaisselle, y compris, et c'est là que l'ignominie est la pire, celui de la marque Eco-Logis qui se vend dans des boutiques bio et se présente comme un produit écolo. 
Seules les marques des distributeurs Leclerc (Rainett), Cora (L'arbre vert), Carrefour et Casino, ainsi qu'Ecover et Etamine du Lys n'en contiennent pas.

Si l'on ajoute à cette pollution l'impact écologique en amont et en aval (matières premières, coût du transport aller-retour, démontage), il ne reste plus grand chose pour sauver ces machines : n'en achetez pas !
Sans oublier qu'il faut se baisser pour remplir et vider un lave-vaisselle (oh le mal de dos en perspective!), alors qu'un brave évier a, lui, l'obligeance de se placer à bonne hauteur ergonomique.
Sans oublier non plus les réminiscences enfantines des joies universelles à barboter les mains dans l'eau. Une étude médicale très sérieuse a établi une nette relation statistique entre le taux d'équipement en lave-vaisselle et le taux de dépression : laisser tremper ses mains dans l'eau tiède aurait des vertus anti-dépressives notoires. 

Mais si le mal est fait et que vous hébergez déjà sous votre toit ce suppôt des marchands et si vous ne voulez pas passer vos étés au bord de rivières envahies de mousses verdâtres où vous pourrez barboter entourés de poissons morts, boycottez toutes les pastilles empoisonnées et rabattez-vous sur celles-là. 

Merci pour elle.
C'était la tribune écolo du jour.

Vérifications via le lien ci-dessus gracieusement offert 
par Madame de "Qui révèle."
 
(Quand on n'a qu'un bon mot à se mettre sous la dent, on le ressort.)
http://www.cipel.org/sp/article63.html
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