21 janvier 2010
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Trois ans après leur coup d’envoi en 1789, les festivités de la Révolution Française battent leur plein. Le 10 août 1792, les Tuileries sont envahies et la famille royale emprisonnée : le dauphin a sept ans et mourra dans son cachot après trois années d'une effroyable captivité, isolé, séparé de sa mère et de sa sœur, dans l’humide obscurité d’une paille moisie peuplée de rats, de gale, de brimades, de coups et de tuberculose.
« J’ai dix ans ! T’vas voir ta tête dans le panier… » aurait-il pu dire à son papa si celui-ci avait vécu deux ans de plus et s’il avait eu la radio dans sa cellule pour écouter la chanson de Souchon.
Mais le 15 janvier 1793, Louis XVI est déclaré coupable de trahison à la patrie après sa fuite interrompue à Varennes le 21 juin 1791, puis condamné à mort : le verdict tombe le 17 janvier 1793, et le couperet le 21.
Pourtant homme de bonne (mais trop molle) volonté, beaucoup plus cultivé qu’on ne le dit, Louis XVI se voulait un despote éclairé plutôt sensible aux idées des Lumières, prêt à entendre les doléances du Tiers Etat. Mais il n’avait pas la fermeté intellectuelle nécessaire pour réformer la monarchie et s’opposer aux résistances des nobles crispés sur leurs privilèges. La mauvaise réputation du couple royal auprès du peuple est d’ailleurs en grande partie due aux rancoeurs des courtisans qui ne lui pardonnaient pas d’amoindrir leur rôle d’apparat en réduisant l’étiquette de Versailles, préférant le modèle du « roi simple » à la mode aussi chez Frédéric II de Prusse au code obséquieux de flagornerie orchestrée voulu par Louis XIV.
Car si l’une des causes fondamentales de la Révolution, tout autant que la philosophie des Lumières, fut la hausse du prix du pain, peut-être eût-il suffi que les seigneurs cèdent un peu de leur richesse pour que leurs têtes ne soient saignées et tant d'édifices saccagés ?
C’est bien mal comprendre ses intérêts parfois que d’y tenir avec trop d’entêtement.
Modeste conseil à l’indécence des traders et autres plus ou moins gros boursicoteurs qui continuent de s’octroyer de grasses commissions et de spéculer sur le cours de denrées vitales après le sauvetage de la bourse aux frais des Etats. « Le chêne et le roseau », tout ça…, révisez vos La Fontaine avant qu’il n’en coule du sang.
Il ne s’agit pas de justifier les massacres :
il s’agit de ne pas attiser, par trop de cynisme, l’envie de les perpétrer.
Rappelons tout de même à titre comparatif que pendant la Semaine Sanglante du 21 au 28 mai 1871, l’armée versaillaise d’Adolphe Thiers (ô le joli nom en écho) fit plus de morts en réprimant la Commune (entre 20 et 25 000 fusillés) que les exécutions de la Terreur en deux ans, d’août 1792 à juillet 1794.
Cela sans compter bien sûr les quelques 500 000 morts tombés durant les dix ans de guerre civile de la Révolution, notamment en Vendée. Heureusement que Napoléon est venu remettre de l’ordre dans tout ça et ramasser les débris du pays à la petite cuiller : une cuiller assez lourde toutefois puisqu’à la louche, l’Empire ajouta 800 000 tués dans la balance (dont 300 000 rien qu'en 1812 : les voyages en Russie coûtent toujours cher *), pulvérisant ainsi le déjà beau score révolutionnaire.
*Special thanks to Romain’s Historic Consulting pour l’emprunt de la formule et son contrôle technique d’expert : il faut toujours vérifier son niveau de sang avant de faire rouler sa guimbarde causante.
Ndlr : Ceci est la version longue du petit billet qui fut commis dans la presse il y a quelques jours.
Merci à mon rédac'chef préféré de permettre sa retranscription (enrichie) ici.
« J’ai dix ans ! T’vas voir ta tête dans le panier… » aurait-il pu dire à son papa si celui-ci avait vécu deux ans de plus et s’il avait eu la radio dans sa cellule pour écouter la chanson de Souchon.
Mais le 15 janvier 1793, Louis XVI est déclaré coupable de trahison à la patrie après sa fuite interrompue à Varennes le 21 juin 1791, puis condamné à mort : le verdict tombe le 17 janvier 1793, et le couperet le 21.
Pourtant homme de bonne (mais trop molle) volonté, beaucoup plus cultivé qu’on ne le dit, Louis XVI se voulait un despote éclairé plutôt sensible aux idées des Lumières, prêt à entendre les doléances du Tiers Etat. Mais il n’avait pas la fermeté intellectuelle nécessaire pour réformer la monarchie et s’opposer aux résistances des nobles crispés sur leurs privilèges. La mauvaise réputation du couple royal auprès du peuple est d’ailleurs en grande partie due aux rancoeurs des courtisans qui ne lui pardonnaient pas d’amoindrir leur rôle d’apparat en réduisant l’étiquette de Versailles, préférant le modèle du « roi simple » à la mode aussi chez Frédéric II de Prusse au code obséquieux de flagornerie orchestrée voulu par Louis XIV.
Car si l’une des causes fondamentales de la Révolution, tout autant que la philosophie des Lumières, fut la hausse du prix du pain, peut-être eût-il suffi que les seigneurs cèdent un peu de leur richesse pour que leurs têtes ne soient saignées et tant d'édifices saccagés ?
C’est bien mal comprendre ses intérêts parfois que d’y tenir avec trop d’entêtement.
Modeste conseil à l’indécence des traders et autres plus ou moins gros boursicoteurs qui continuent de s’octroyer de grasses commissions et de spéculer sur le cours de denrées vitales après le sauvetage de la bourse aux frais des Etats. « Le chêne et le roseau », tout ça…, révisez vos La Fontaine avant qu’il n’en coule du sang.
Il ne s’agit pas de justifier les massacres :
il s’agit de ne pas attiser, par trop de cynisme, l’envie de les perpétrer.
Rappelons tout de même à titre comparatif que pendant la Semaine Sanglante du 21 au 28 mai 1871, l’armée versaillaise d’Adolphe Thiers (ô le joli nom en écho) fit plus de morts en réprimant la Commune (entre 20 et 25 000 fusillés) que les exécutions de la Terreur en deux ans, d’août 1792 à juillet 1794.
Cela sans compter bien sûr les quelques 500 000 morts tombés durant les dix ans de guerre civile de la Révolution, notamment en Vendée. Heureusement que Napoléon est venu remettre de l’ordre dans tout ça et ramasser les débris du pays à la petite cuiller : une cuiller assez lourde toutefois puisqu’à la louche, l’Empire ajouta 800 000 tués dans la balance (dont 300 000 rien qu'en 1812 : les voyages en Russie coûtent toujours cher *), pulvérisant ainsi le déjà beau score révolutionnaire.
*Special thanks to Romain’s Historic Consulting pour l’emprunt de la formule et son contrôle technique d’expert : il faut toujours vérifier son niveau de sang avant de faire rouler sa guimbarde causante.
Ndlr : Ceci est la version longue du petit billet qui fut commis dans la presse il y a quelques jours.
Merci à mon rédac'chef préféré de permettre sa retranscription (enrichie) ici.