12 février 2010
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Une fois de plus guidée par le lumineux conseil de bienveillants lecteurs, c’est à Mister Tea que je dois cette fois la tranquille splendeur d’une découverte essentielle : un poète dont j’ignorais l’existence il y a encore un an, et la texture façonnée de paisibles tourments il y a un mois.
Toute ma gratitude pour la plénitude simple de cette évidente révélation.
Hors de portée
Ah, s’il pouvait être de chair vivante, cet homme
Debout sur l’horizon, qui charge les nuages
Dans sa brouette, s’il pouvait emporter un peu
De la boue des jours qui traînent dans les regards
Et les os, dissiper cette ombre en nous
Qui fait tapisserie devant l’indéchiffrable
Partition du ciel et de la terre,
Tu ne piétinerais pas ici derrière la vitre
Comme Jonas au fond du navire malmené,
Priant que la lumière se fasse tout à coup
Et que vire l’accord de toutes choses :
Désirs, joies, souffrances – hors de portée
Comme les voix blanches et noires de la musique.
Guy Goffette, Eloge pour une cuisine de province, suivi de La vie promise
Nrf Poésie Gallimard, p 203.