Vous m’excuserez de troubler votre digne repos par une si piètre requête.
Mais il en va du confort de vos yeux et de la quiétude de vos migraines.
Voilà, pour des raisons qui m’échappent encore, (car les voies de l’informatique sont aussi impénétrables à mes neurones malencontreusement rétifs au binaire que celles de la Providence au troupeau des fidèles) : la taille de caractères des textes publiés sur cette respectable plateforme blogophore demeure, à la lecture, rédhibitoirement sourde à toute tentative de modifier les paramètres d’affichage : seuls les commentaires s’amusent à dévaler ou gravir allègrement l’échelle des zooms, depuis Lilliput jusqu’à Brobdingnag en passant par Gulliver. Mais les textes demeurent aussi imperturbables que le marbre dans lequel ils ne seront jamais gravés.
Et comme la taille d’iceux dépend de la résolution de l’écran sur lequel ils font leur apparition, ils sont, sur certains, fort obligeamment lisibles, mais sur d’autres un peu exigus.
Aussi me suis-je risquée, dans le dernier texte, à augmenter la taille des caractères : mais celle-ci me semble un peu excessive. Alors j’ai besoin de vos avis.
Vous importunerait-il par trop la fibre indépendante et littéraire de vous plier à un modeste sondage ?
Pour « Non, non, ne changez rien, en 12 points, ça me convient : tapez « 12 » dans la petite fenêtre à commentaires, oui voilà, celle-là. »
Pour « Oui, comme vous le proposez si gentiment, vous seriez bien aimable de causer un peu plus haut et d’écrire un peu plus gros car ma vue baisse et mon ouïe se durcit (comme ça) tapez « 14 » (oui, toujours dans la petite fenêtre) »
Mârci bôcoup.
Le vote est gratuit et rémunéré d’avance par la production du fiston qui suit. (Oui, en plus, elle monnaie les trouvailles de son héritier afin de faire tourner sa boutique. Honte à ceux qui exploitent le travail des enfants.)
Il va de soi que Pierre unique a un registre de langage fort châtié, et qu’il s’écrie après avoir englouti trois gâteaux et son chocolat, la moustache lactée ourlant délicatement le fin duvet de sa lèvre aussi tendre que mutine : « Mmh , c’est succulent ! »
Bien que je n’eusse pas poussé le vice jusqu’à lui enseigner le substantif, il eut lui-même l’intuition de le dériver, et entre deux gorgées, s’écria ce matin, l’œil lumineux et le sourire triomphant du savant inspiré : « La succulence d’un plat, c’est quand c’est tellement bon qu’on le lance dans sa bouche ! Car dans "succu-lance", il y a "lance". »
C’est chouette, quand même, le conditionnement ! Aussi bien pour les petits pois qui, sans leurs boîtes adaptées, s’éparpilleraient joyeusement sous les pas négligents des passants, que pour les petits z’hommes qui peuvent ainsi acquérir le merveilleux réflexe de la construction linguistique avant l’âge du cours élémentaire. Pauvre de lui !