30 septembre 2009
3
30
/09
/septembre
/2009
00:40
A l’an où nulle petite souris n’avait encore traversé le jardin d’Eden pour ramasser une dent de lait, le Verbe avait passé son commencement depuis longtemps, et la lecture n’était déjà plus que balade pour l’enfançon quinquennal.
L'heure est historique. Au sens proprement épistémologique du terme : on sort de la préhistoire avec l'entrée dans l'écriture. Car voici la toute première phrase écrite, vraiment rédigée, de sa propre initiative, par monsieur petit Pierre.
L'heure est historique. Au sens proprement épistémologique du terme : on sort de la préhistoire avec l'entrée dans l'écriture. Car voici la toute première phrase écrite, vraiment rédigée, de sa propre initiative, par monsieur petit Pierre.
C'est-à-lire :
« Cherre Papa-Maman, je voudrais Eve, parse ce … »
(la suite de l’explication fut orale) « … parce que celles que vous me fabriquez en ballons, elles se dégonflent toutes. »
Vous remarquerez que si la graphie demeure encore bien malhabile et les accords approximatifs, au moins l’orthographe est-elle à peu près correcte phonétiquement, ce qui n’est déjà pas si mal.
Inutile de dire combien émus nous fûmes, lorsqu’au petit matin, la phrase inaugurale de sa carrière de scripteur apparut à nos yeux attendris.
Passons sur le fait que le premier texte dont il se fit l’auteur est une requête commerciale :
elle vous a comme un petit air de demande en mariage.
Imaginez qu’Adam ait disposé d’un parchemin, ce naïf benêt dont on ne sait même pas s’il savait parler, grandi qu’il était comme Tarzan au milieu des bêtes et des fleurs.
Peut-être aurait-il envoyé au bon Père son Créateur semblable épître par messager ailé interposé. J’imagine bien l’ancêtre de Gabriel, ange de son état, au garde à vous devant la porte en nuages, attendant la réponse du Saint Ciel qui arriva aussi vite qu’une escalope aux heures de pointe dans une brasserie de centre ville.
« Donne-moi ta côte, j’te donnerai l’Eve. »
…
Mais peut-être vous dois-je une explication, et quelques étincelles pour éclairer votre lanterne clignotante ?
Il se trouve qu’après avoir nourri une passion absolue pour les nombreuses petites voitures et autres camions du film Cars (fort savoureux, même quand on a plus de quatre ans et aucun goût particulier pour les voitures, car truffé d’allusions et de clins d’œil tellement fins et denses qu’on en découvre à chaque vision), Peter Little (qui écrit maintenant son nom « Pitere » pour faire style « j’cause angliche ») est devenu un inconditionnel de Wall-E. Une parfois belle histoire d’amour vaguement écolo et pas trop mal vue, avec des robots chargés de déblayer la Terre envahie de détritus, désertée par la vie et les hommes à quelques siècles d’ici. Les passages sur le vaisseau spatial ne séduisent que les amateurs de science fiction et sont bien trop agités à mon goût suranné, mais le début de l’histoire situé sur notre pauvre Terre bien brinquebalante possède quelque charme.
Wall-E, le petit robot éboueur-compacteur récupère tous les vestiges cabossés et rouillés dont l’aspect le séduit, et se repasse en boucle une antique comédie musicale miraculée, avant de tomber amoureux de ladite Eve, robot de dernière génération doté d’une certaine grâce qui débarque en mission d’une navette d’exploration.
C’est très choupinet, et la première demi-heure est d’une irrésistible poésie.
(Dommage que la musique collée sur cet extrait ne lui corresponde pas :
dans le film, il s’agit de la version de La Vie en rose par Armstrong.)
Pierre est tombé en extase devant le titre principal de la bande son,
« Cherre Papa-Maman, je voudrais Eve, parse ce … »
(la suite de l’explication fut orale) « … parce que celles que vous me fabriquez en ballons, elles se dégonflent toutes. »
Vous remarquerez que si la graphie demeure encore bien malhabile et les accords approximatifs, au moins l’orthographe est-elle à peu près correcte phonétiquement, ce qui n’est déjà pas si mal.
Inutile de dire combien émus nous fûmes, lorsqu’au petit matin, la phrase inaugurale de sa carrière de scripteur apparut à nos yeux attendris.
Passons sur le fait que le premier texte dont il se fit l’auteur est une requête commerciale :
elle vous a comme un petit air de demande en mariage.
Imaginez qu’Adam ait disposé d’un parchemin, ce naïf benêt dont on ne sait même pas s’il savait parler, grandi qu’il était comme Tarzan au milieu des bêtes et des fleurs.
Peut-être aurait-il envoyé au bon Père son Créateur semblable épître par messager ailé interposé. J’imagine bien l’ancêtre de Gabriel, ange de son état, au garde à vous devant la porte en nuages, attendant la réponse du Saint Ciel qui arriva aussi vite qu’une escalope aux heures de pointe dans une brasserie de centre ville.
« Donne-moi ta côte, j’te donnerai l’Eve. »
…
Mais peut-être vous dois-je une explication, et quelques étincelles pour éclairer votre lanterne clignotante ?
Il se trouve qu’après avoir nourri une passion absolue pour les nombreuses petites voitures et autres camions du film Cars (fort savoureux, même quand on a plus de quatre ans et aucun goût particulier pour les voitures, car truffé d’allusions et de clins d’œil tellement fins et denses qu’on en découvre à chaque vision), Peter Little (qui écrit maintenant son nom « Pitere » pour faire style « j’cause angliche ») est devenu un inconditionnel de Wall-E. Une parfois belle histoire d’amour vaguement écolo et pas trop mal vue, avec des robots chargés de déblayer la Terre envahie de détritus, désertée par la vie et les hommes à quelques siècles d’ici. Les passages sur le vaisseau spatial ne séduisent que les amateurs de science fiction et sont bien trop agités à mon goût suranné, mais le début de l’histoire situé sur notre pauvre Terre bien brinquebalante possède quelque charme.
Wall-E, le petit robot éboueur-compacteur récupère tous les vestiges cabossés et rouillés dont l’aspect le séduit, et se repasse en boucle une antique comédie musicale miraculée, avant de tomber amoureux de ladite Eve, robot de dernière génération doté d’une certaine grâce qui débarque en mission d’une navette d’exploration.
C’est très choupinet, et la première demi-heure est d’une irrésistible poésie.
(Dommage que la musique collée sur cet extrait ne lui corresponde pas :
dans le film, il s’agit de la version de La Vie en rose par Armstrong.)
Pierre est tombé en extase devant le titre principal de la bande son,
qu’il se repasse en boucle lui aussi, dansant avec les grains de poussière agités par le soleil, tout en jouant avec son petit robot en plastoc sur la moquette bleue de son petit domaine. En guise de compagne à son cube articulé, il eut d’abord droit à plusieurs versions en ballons décorés au feutre de ladite Eve, mais ils ne cessaient de se dégonfler.
D’où la requête qu’il inscrivit sur le tableau noir de sa chambre, et compléta de vive voix.
NB : Le morceau « Put on your Sunday clothes » est extrait d’ Hello Dolly, une comédie musicale sortie à Broadway (évidemment) en 1964, composée par Louis Armstrong. La version ici audible et reprise dans le dessin animé est celle du film réalisé en 1969 par Gene Kelly avec Barbara Streisand.
D’où la requête qu’il inscrivit sur le tableau noir de sa chambre, et compléta de vive voix.
NB : Le morceau « Put on your Sunday clothes » est extrait d’ Hello Dolly, une comédie musicale sortie à Broadway (évidemment) en 1964, composée par Louis Armstrong. La version ici audible et reprise dans le dessin animé est celle du film réalisé en 1969 par Gene Kelly avec Barbara Streisand.