A l'aube grise :
Mon fils, mon fils est parti aujourd'hui.
A Paris. Un enfant si petit.
Quelle folie !
Perdu dans de trop grandes rues.
Perdu dans le couloir d'un bus trop lourd.
Perdu dans une classe trop dense.
Qui emmène des petits de trois ans pendant TOUTE une journée
voir ce dont ils ne se souviendront pas, ce dont ils n'ont que faire.
Qu'en retiendront-ils ? A part leur épuisement ?
A part l'absence de la maman et du doudou ?
A part les bruits et les cris ?
A part le stress et la route glissante ?
A part les fumées noires de ces deux cars ?
Et la mère, la mère qui proclame bas et fort
qu'elle sait penser hors du troupeau pansu.
Qui n'ose pas dire "Non !" quand il s'agit de sauver la vie de sa vie.
Moutonnière jusqu'à laisser la chair de sa chair, le sang de son sang
partir trop loin et trop longtemps dans Babel la dévoreuse.
Prête à laisser partir son fils,
le lendemain du jour où, quatre ans avant, partait son père.
Mauvais présage. Funestes cieux chargés d'orages.
Souffle suspendu jusqu'au soir.
Plongée en apnée dans les eaux ténébreuses de l'angoisse tortueuse.
Au soir clément :
The son is back ! The sun too.
Much ado about nothing.
Désolée pour le dérangement. Certains ont l'angoisse taiseuse.
D'autres moins...
NDLR :
Ca alors, c'est la deuxième fois depuis qu'Overblog a modifié son interface que les réponses que je ne manque jamais d'apporter aux commentaires diligemment laissés par vos soins disparaissent.
Ayant réussi à récupérer la réplique donnée au message de Madame de Keravel dans les entrailles du monstre, je l'intègre directement au corps du texte :
a) parce qu'il ne veut décidément pas se réafficher en tant que commentaire.
b) parce que j'y développe quelques idées qui peuvent éloigner certains malentendus.
Les laisser partir. Oui bien sûr, c'est pour cela qu'on les élève, mais il y a un temps pour tout, et celui-ci ne me semble pas encore arrivé. Pourtant, je ne crois pas être de ces mères qui retiennent pour elles leurs enfants trop longtemps, tout simplement car je n'ai pas construit ma vie autour de l'idée de maternité. Cela fait partie intégrante des expériences fondamentales qu'il est donné de vivre en ce bas monde, mais élever des enfants ne figurait pas parmi les points cardinaux qui ont orienté mes rêves de jeunesse. Ecrire et aimer, oui.
Au contraire, je suis souvent bien aise de ne pas l'avoir dans les pattes tout le temps, pour respirer aussi au rythme de mes propres inspirations, au lieu de suivre le moindre de ses souffles.
Les multiples tâches du métier de mère, je les accomplis par amour, mais non par vocation. Je serai ravie de le voir prendre son envol. Pas plus vide à son départ que je ne l'étais avant son arrivée.
Mais découvrir Paris à trois ans, au milieu de petits bonshommes grouillants et accrochés par grappes à quelques mains adultes, je me demande si le rapport intérêt intellectuel /coût émotionnel en vaut vraiment la peine. Sans parler du coût écologique astronomique que représente le carburant des cars.
Et puis, on ne se met vraiment à craindre la mort qu'après avoir donné la vie.