(En écho au texte de Clopine Trouillefou, 13 mars 2008)
Où l’on pourra se convaincre qu’il est décidément inutile de chercher une ligne de cohérence quelconque dans la succession des sédiments laissés par les méandres de ce blog si noueux et sinueux.
« La faute à mes sinus », susurra la coupable enrhubée.
D’abord, laissons parler Robert :
Administration :
1°) Action de gérer un ensemble de biens ou des affaires privées et publiques.
2°) Fonction consistant à assurer l’application des lois et la marche des services publics.
3°) Action d’administrer, de donner un remède.
Ensuite, faisons parler Félix (Gaffiot) :
(« Administration » étant dérivé, tout comme « ministre », de « minor », le moindre.)
Minor, donc :
1°) minor, us, oris : comparatif de parvus, petit : le moindre.
2°) minor, atus sum, ari : menacer
(qui a donné notamment « comminatoire », qu’un illustre journaliste confondit un jour avec « jubilatoire », pauvre de lui.)
Ainsi donc, de l’humble et besogneux appareil qui sert les rouages de l’Etat pour ses administrés à la machine démesurée qui menace le citoyen apeuré, il n’y a qu’un pas, dans les méandres de l’imaginaire collectif.
Et puis, sans chercher bien loin, quand Minor se transforme en Minos pour laisser engendrer par sa femme le Minotaure, la cité pacifiée laisse place « [au fils du taureau] et de Pasiphaé. »
Nombreuses sont alors les Ariane perdant leur fil dans ses dédales et les Phèdre au désespoir.
Enfin, passons le bâton de parole à la docte Clopine Trouillefou
dont ce fourre-tout vient en écho à la version intégrale sise ici :
http://clopinet.canalblog.com/archives/2008/03/13/8306373.html
et dont voici ci-dessous un petit florilège :
« « « Cette matière balancée entre l’outrage et le soupir : l’administration. […]
aussi catastrophique qu’un cyclone, chargée de tous les péchés du monde, Hydre de Lerne, éléphantesque et lourdingue, à réformer de toute urgence depuis cinquante ans au moins, mais surtout à abattre, responsable de tout le malheur de notre société.
Personne ne souligne jamais que, dans les pays où l’administration est inexistante, ou bien gangrenée par les pots-de-vin, ou encore soumise à l’arbitraire de la dictature (au lieu d’appliquer des lois), la famine, la guerre, le fanatisme, la maladie et la mort règnent en maîtres absolus. […]
Les rouages fonctionnent, quand l'administration est efficace. Les professeurs sont payés, les routes entretenues, les hôpitaux (encore) ouverts, les naissances déclarées, les droits acquis et exercés… grâce à notre administration.
Quand les concours de recrutement (ridicules et dépassés) cèdent la place au clientélisme le plus outré, quand les paies des fonctionnaires (ces privilégiés qui devraient avoir honte) doivent être complétées par des bakchichs, quand l’organisation d’un pays croit pouvoir faire l’impasse sur les circuits administratifs, le chaos n’est jamais loin. Mais qui connaît, en France, le principe de la séparation de l’ordonnateur et du comptable, par exemple, principe qui n’ « a l’air de rien » mais qui est le garant de la bonne gestion de l’argent public ? » » »
Ce n’est pas l’appareil qui est source des maux.
C’est le pouvoir qui s’en sert.
Nul ne gagne en effet au chaos : dictature est fille d’anarchie.
Nous rappellerons donc pour conclure que du magma initial naquit la séparation de l’ombre et de la lumière, de la terre et du ciel et de l’eau, de l’Eglise et de l’Etat, de l’Impôt et du Trésor (respectivement ordonnateur et comptable), du législatif, de l’exécutif et du judiciaire (merci Montesquieu), de la télévision et de l’ignorance. Euh, non, là, y a encore du boulot…
Je n’ai pour ma part jamais travaillé dans un bureau, mais j’en rêve chaque fois que le chaos prend le pas sur l’harmonie. J’imagine parfois (bien illusoirement, n’en doutons pas) l’univers des bureaux comme le règne serein des rouages sans heurts, des papiers bien rangés, de l’ordre où rien ne se perd, ni rien ne se crée. Où tout se conserve.
Archiver la mémoire de l’Etat, consigner les actes.
Chorégraphe et greffier.
Donner un corps écrit, un corps actif à la virtualité législative.
Insuffler l’ordre au mouvement de l’événement,
lui donner la grâce d’Etat.
Inventaire de ce qui s’est fait, de ce qui doit se faire.
Grandes orgues de l’organisation.
Calligrammes des organigrammes.
Qui eût dit qu’on pût trouver du lyrisme même aux scribes ?