La Dentellière, Vermeer
S’effacer. Disparaître proprement.
Bien arrêter le fil, avec un joli nœud et un bref retour sur ses pas, quelques points de couture.
Ne pas laisser s’effilocher les traces de ses passages dans le lâche délitement du point de fuite.
S’effacer. Céder la place. Prière de laisser les lieux dans l’état où ils furent offerts.
Ne garder que sa vie bien rangée. Battre à se rompre, mais en retraite.
S’effacer devant tout ce qui brille et qui vibre et scintille.
Repartir dans la nuit. Tourner le dos aux lumières entrevues, aux mirages de sa propre existence.
Refaire sa valise, lever le camp, et retrouver la solitude de ses errances.
Dénouer un à un chaque lien, chaque fibre emmêlée dans l’inextricable écheveau de ses nerfs en pelote.
Et laisser infuser les cordes à nœuds de ses mouchoirs.
Se dépêtrer plus mal que bien avec le fil entortillé, incontrôlé des rêveries, et sur la rive,
avec la paix de Pénélope, tisser des tas de pistes à risques, des tas de textes qui s’effritent.