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6 mars 2008 4 06 /03 /mars /2008 22:59
Je serais curieuse de savoir combien de gens ont eu au moins une fois, 
assez précisément pour en concevoir les détails les plus pratiques, 
la volonté d'en finir avec leur existence ici-bas.
Probablement l'inverse est-il plus rare.
Je n'ai cependant jamais pu dépasser l'étape rédhibitoire de la lettre d'adieu.
En effet, outre la pensée de la peine infligée à ceux à qui je dois la vie ou qui me la doivent, le testament d'un départ volontaire demeure pour moi une aporie épistolaire. 
Ecrire, c'est construire. C'est rebâtir une identité disloquée et soudain rassemblée par les mots.
Laisser un texte, c'est retisser les liens avec les rives de l'être.
C'est retrouver la maîtrise du monde par le verbe. 
Dire les impasses, c'est les situer, c'est déjà savoir les éviter.
C'est faire reculer le chaos. 
Et j'aime trop l'ordre pour avoir encore envie de partir une fois les blessures bien alignées sur le papier, les désordres bien repassés sur la feuille, les étouffoirs bien dépliés dans les poumons des phrases ; 
les assommoirs bien assommés sous les coups de boutoir des mots qui sonnent le glas des tracas.
Larguer les amarres ou jeter l'encre, il faut choisir.

Probablement n'ai-je jamais atteint ce point de non retour du désespoir vrai, inconsolable et insoluble dans les mots.
C'est bon signe de se savoir sauvée, toujours, du chaos par l'écriture. 
Un petit tour de mots et le mal est joué.
La musique du verbe retend l'arc asthénique de nos forces trop lasses.

Au renouveau était le verbe.
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commentaires

S
Tout est dit et compris dans "Larguer les amarres ou jeter l'ancre" et vice-versa !...Nolens, volens
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C
<br /> Jeter l'encre, ce qui me concerne. Ce sont ses traces sur le papier qui m'ancrent dans la vie.<br /> <br /> <br />
D
Continuez à jeter l'encre par-delà les rivages !
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C
Toute ma gratitude pour ce double encouragement que je reçois comme littéraire et existentiel à la fois.
L
Houlà mais des lettres d'adieu j'en ai écrit des bottes de fleurs fanées, tout spécialement. Je ne les ai pas envoyées, voilà tout. Elles sont dans des sacs et des cartons de correspondances comme des flacons de poison violent. Houlà, le ridicule réveil de celui qui se pendant haut et un peu court se retrouve avec une bosse au front, un morceau du plafond sur les genoux et assis à demi sur la cuvette des toilettes, plus qu'à moitié fendue... La mort qui n'en veut pas toujours, se charge de nous renvoyer à nous même.<br /> Mil bon salut et remerciements pour les exclamations qui me coupent un peu le souffle mais pas la verve.
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C
Même si ce mode de départ ne constitue guère mon véhicule de prédilection, merci de cette description si crue et si aiguë qui suffit à rappeler à l'amour de la vie. Le ridicule ne tue pas, cela reste à voir. Mais quand se tuer est ridicule, on n'y survit pas. Tant pis pour la contradiction. 
F
L'être possible par le verbe et par le mot...
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C
Absolument.
C
Aujourd'hui justement je me disais qu'il a été créé l'affect pour nous retenir à la vie. C'est malin, c'est bien vu car les larmes de ceux qui nous sont chers nous blessent alors que les notres nous consolent...et... toujours délectable cette écriture...la tienne ....
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C
Je réponds en chiasme : 1°) Merci. C'est au-delà de ce que je me permets d'espérer. 2°) Très juste aussi ce que tu dis de ce qui nous meut.

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